vendredi 28 juin 2013


Je solde
Tu craches 
Il/Elle flambe
On brade
Nous palpons
Vous liquidez
Ils/Elles dilapident
  

lundi 24 juin 2013


La marche du monde n'est pas une danse lascive

J'assiste par hasard à la mise en place des auvents d'un des soixante-neuf marchés alimentaires découverts que compte la ville de Paris. Je réponds à l'appel d'un bruit régulier pareil à un cliquetis, celui produit par des hommes chargés de matériel que leurs épaules semblent reconnaître comme de vieux amants. Des tiges métalliques sont déjà en place, dans leurs marquages au sol. Le terre-plein ressemble alors à une grande scène dédiée à la pole dance. Dans ce champ hérissé de barres offertes au ciel, aucun être à la souplesse ébouriffante capable d'embrasser l'acier ne se présente. Ici, pas de cours, pas de show. Pas de boule à facettes pour égayer l'allée. Les hommes n'attendent aucune apparition, trop occupés à placer de nouvelles barres, celles qui supporteront cette fois la future toiture. Dans leurs mouvements, pas l'ombre d'un trick, d'une transition ou d'un spin, mais pourtant, il s'agit bien d'une chorégraphie, et si elle n'est pas destinée à faire saliver la ville, elle fait mieux : elle la nourrit. Ce décor est son garde-manger. 
Cette danse exige rapidité et dextérité : il faut qu'une des extrémités s'encastre du premier coup dans l'encoche du pilier, il faut négocier le geste, le poids, évaluer la longueur nécessaire à cette manipulation, anticiper la réception, tout en déposant au sol l'autre bout de la barre d'une main qui connaît parfaitement son affaire. La pièce en métal gagnera sa hauteur définitive quand, sur le chemin du retour, il faudra encore l'emboîter sur le pilier adjacent. La superficie à couvrir est vaste, la cadence soutenue, et bientôt viendra l'installation des bâches blanches. La vision de lits à baldaquin, d'alcôves en extérieur pour ébats inconnus, doit quitter mon esprit. Car hélas, il ne s'agit que de protéger les aliments des intempéries, de cette foutue flotte ininterrompue. Non, la marche du monde n'est décidément pas une danse lascive. Mais une fois loin de ce ballet, je veux continuer à penser que l'effort invisible et immuable fourni chaque jour par des corps au travail n'est pas vain s'il se destine aux plaisirs de la bouche. 

vendredi 21 juin 2013


été : le beau temps du souvenir, de la saison passée, plus-que-parfaite, antérieure. 
ex. : Elle aurait été tellement mieux à l'ombre d'un micocoulier, pour ne plus sentir le soleil agacer la brûlure provoquée par une méduse pendant sa baignade du matin. Ce n'est pas faute d'avoir été prévenue pourtant... La crique en était infestée. 

jeudi 20 juin 2013

Il ne restait plus qu'à écrire 
ce livre illustré, 
érotique et ménager.

lundi 17 juin 2013

Anticipation 

Il n'y avait désormais plus rien à boire. Les orages de grêle ruinaient les vignes chaque année et les récoltes étaient systématiquement perdues. Les caves restaient désespérément vides, les chais, déserts, et les crayères produisaient un écho terrible. Le zinc des comptoirs, devenus inutiles, était recyclé sur les toits, dans les équipements industriels. Parfois, l'oreille croyait percevoir le tintement de verres, dans une usine ou au dernier étage d'un immeuble. La mémoire du matériau. Le peuple était devenu plus sobre. Et la démographie stagnait. Les containers de verre étaient envoyés au Musée de l'Alcoolisme. Les Urgences s'ennuyaient. Chez les vendeurs de flûtes, le taux de suicide connaissait un pic historique. L'air devenait chaque jour plus respirable, débarrassé d'un excès de dioxyde de carbone dû aux éructations provoquées par la bière. Car la production d'orge n'était, hélas, pas épargnée non plus par les désagréments climatiques. Les ventres étaient moins gros, les visages moins rouges, les yeux moins vitreux, les haleines moins chargées, les propos moins grossiers et les poumons moins en danger. Mais malgré cet embellissement certain d'une grande partie de la population, les corps ne se rapprochaient pas. Et la démographie stagnait. 

dimanche 16 juin 2013


Vie ensemble, mort commune
(ou l'inattendu train-train) 


Un jour prochain, - il serait alors midi dans l'au-delà -, ils auraient soudainement le goût de faire enfin territoire commun. Lui et sa passion pour le train miniature, elle et son amour de la vaisselle peinte ne formeraient plus qu'un. Il installerait des roues sous ses assiettes, un rail sur la nappe de l'éternel dimanche. Elle parsèmerait de motifs floraux ses wagons de marchandises, réservant à sa locomotive un bouquet final. Bonheur posthume.

mercredi 12 juin 2013


Petit commerce

La boucherie est-elle un écrin pour l'amour durable ? C'est que l'on voit souvent dans les boutiques qui font commerce de viandes, Madame et Monsieur, ensemble, et pour longtemps. La boulangerie, par exemple, me semble une activité beaucoup plus cruelle pour l'équilibre conjugal. Le fournil, le pétrin, les horaires impossibles et l'enfer à deux n'est pas loin.
J'entrevois dans le fait de détailler, brider, couper, désosser, escaloper, attendrir, dégraisser, manchonner, hacher ou larder toutes sortes de chairs au fil de la journée, comme un acte purificateur et pacificateur. Après quoi, les couteaux sont rangés et le rôti au four. 
C'est pourquoi je continue de respecter la viande et d'ignorer la graine, car je ne vois jamais de Naturalia et autres Biocoop tenus par des ménages unis.

mardi 11 juin 2013


Compte moderne

Il a dépassé les deux millions de clics, 
Franchi la barre des huit cent mille visiteurs, 
Atteint plusieurs millions de vues, 
Multiplié par trois son nombre de followeurs, 
Et ne compte plus ses utilisateurs.

Il a 4854 amis.

lundi 10 juin 2013

samedi 8 juin 2013

Souche parisienne et sa couronne de rejets. 
J'envie cette capacité de repousse.

mercredi 5 juin 2013



Glissée dans les rayons d'une roue arrière, cette carte, sur laquelle figure une œuvre de l'artiste Robert Gober. Élément décoratif intentionnel, signature distinctive, le vélo est donc bien ce nouvel art de vivre, qui rallie tout ceux qui prennent l'Eurostar, fréquentent les biennales, sont déjà lassés par les bars à cocktails, possèdent quelques pièces de créateur et ont vu le dernier film d'Harmony Korine. 
En découvrant cet engin mobile agencé comme un petit appartement cosy, je ne sais si, à ce moment précis, je ne souhaiterais pas posséder un chien pareil à celui de William Wegman pour que, la patte haute et la tête tout autant, il pisse copieusement sur ce morceau de coolitude. 

dimanche 2 juin 2013

Juin 

J'ai sorti le soleil du congélateur.
Il sentait le vieux glaçon.

J'ai sorti les rayons de la cave.
Me manquait le tire-bouchon.

J'ai sorti les UV du placard.
De vieilles frusques, dirait-on.