lundi 27 avril 2015


Déclamer toute la nuit des vers dans son sommeil.
Au matin, essuyer l'asticot de bave blanche qui a rejoint la joue.
N'est pas poète qui veut. 


dimanche 26 avril 2015


Conférence de presse 
(moments de vie, à la manière du procureur de la République de Paris)

"En décembre 2014, en pleine période des fêtes de Noël passées dans une maison de famille située dans le Périgord Noir et réunissant douze membres âgés de 6 mois à 70 ans, une huître n°3 jugée douteuse a fait l'objet d'une mise à l'écart pour éviter tout embarras post-réveillon. Le 2 janvier, deux individus, identifiés comme un couple depuis juin 2011, ont fait le chemin inverse vers leur domicile avec pour objectif la reprise du travail, et l'on note qu'un arrêt a été effectué à la station service de La Source. Le ticket de caisse confirme l'achat de confiseries, en plus d'un plein d'essence sans plomb. Toujours en janvier, le 20 du mois, l'acquisition d'une citadine 5 portes automatique avec équipement multimédia GPS à écran tactile et une technologie inédite visant à faciliter les créneaux a permis au dit couple d'étendre son parc automobile, pour, je cite "que la prochaine fois, tu te démerdes seule pour aller là-bas, je peux plus supporter les remarques de ton père". En février 2015, alors que la tension au sein de la structure conjugale était retombée et que l'homme et la femme célébraient la Saint-Valentin au restaurant Cru & Stacés, la consommation d'un plateau de fruits de mer leur a été fatale. L'intoxication alimentaire n'a malheureusement pas pu être évitée. Le couple n'a pas survécu."

vendredi 24 avril 2015


Des fronts maculent des vitres de bus
Dehors troublé derrière la couche
Le doigt passé sur la matière
Pour voir derrière 

mardi 21 avril 2015


Considérations météo

Les lunettes de soleil pour commencer. Et la crème solaire, qui est certainement plus qu'un indice. Tous ces filtres entre soi et le monde ne sont pas là seulement pour nous protéger du soleil. Simplement le beau temps appelle la balade, le pique-nique, le barbecue, le point d'eau. Soudain, après des mois d'isolement, l'extérieur s'impose, et la foule qui va avec, cohorte avide d'UV. Il faut alors pouvoir dissimuler son regard, qui se fixera où il veut plutôt que sur le visage de cet interlocuteur déjà couleur homard aimant faire partager très largement son point de vue sur le monde (où trouver les meilleures merguez dans le coin par exemple). Pour diminuer un peu plus la pression sociale, lever les yeux au ciel sans craindre d'être remarqué est un autre avantage. Le spray protection 30 protégera quant à lui de toute stratégie tactile ; le grain de peau à découvert quand les températures grimpent fonctionnant souvent comme un aimant. Prévenir la caresse d'un vague ami commun que le rosé aura désinhibé en lui signalant qu'il viendra s'échouer sur un corps gras, et le manège ne se reproduira pas. Parions enfin sur la pollution galopante qui rendra peut-être un jour le port du masque obligatoire. Il sera dès lors possible de profiter du ciel tout en neutralisant les paroles a et b ou b.a.-ba, dont la science établira bientôt le potentiel de dangerosité quand l'humain y est trop exposé.

dimanche 19 avril 2015


Partialisme : États généraux XIII 
Aujourd'hui : les bouches occupées




jeudi 16 avril 2015


Plein air de déroute

Le déjeuner sur l'herbe des pigeons parisiens
Le sandwich salarié à chacun son destin
La terrasse monoxyde touristes sans festin
La ville sous le soleil en son drôle d'intestin 

mardi 14 avril 2015


Des arbres à abattre

J'assiste par hasard au démontage d'un arbre en milieu urbain. Un élagueur perché débite des morceaux du tronc volumineux petit à petit. Un travail minutieux et risqué, des encordages complexes et le bruit de la tronçonneuse. Je ne pense pas plus au désagrément sonore qu'à la raison de cette destruction verte, je regarde surtout le gars qui ne travaille pas seul, qui ne peut même pas faire le tour de ce qu'il s'apprête à mettre à terre, j'observe toute cette logistique et cette maîtrise pour venir à bout d'un machin. Je remercie cette scène de s'être trouvée sur son chemin car elle m'amène à me souvenir du titre d'un texte de Thomas Bernhard : Des arbres à abattre ou le monologue furax d'un observateur de la société artistique viennoise. Le lire au plus vite, alors je presse le pas et quitte l'élagueur et sa sciure de bois.  

dimanche 12 avril 2015


Paris km zéro 

Il m'a fallu courir plus vite pour échapper aux visions de lycra.
Faire de longues foulées pour ne pas voir les visages empourprés par l'effort asphyxiant.
Filer fissa pour éviter les sueurs éparses, les humeurs volantes. 
Augmenter la cadence pour m'éloigner des râles et des hourras.
Mon marathon de feignasse.

samedi 11 avril 2015

Première mondiale


Alors que la réplique magistrale de la grotte ornée dite Chauvet vient d'être inaugurée, je déclare ouvert mon propre petit domaine, révélant tout d'une prouesse génétique au service de l'émotion. En avant-première, voici la partie gauche de mon patrimoine manuel, et son bouquet digital unique. Ma main qui pendouille quand je cours, qui devient moite quand je chasse, qui lève son majeur quand j'affronte. Je souhaite d'ores et déjà la bienvenue à ceux qui désireront me visiter et pourront saisir ainsi l'ampleur des dégâts. Mes organes se succèdent offrant à l'œil une diversité de formes et de matières, allant du plus lisse au plus tourmenté et témoignant de la courte et ennuyeuse histoire de mon humanité. Mon public se trouvera face à un ensemble d'une grande technicité, se montrant parfois de manière un peu (trop?) théâtrale. La visite se terminera sur la grande fresque des lions. Je ne vous dis que ça. Je suis en train de constituer le kit photos et de régler les derniers détails du programme interactif. À bientôt chers curieux. 

mardi 7 avril 2015


500

Cinq cents écritures, trois ans déjà.
(et non cinq cents signatures, deux ans encore)
Et pourtant, un même désir de suffrage...

jeudi 2 avril 2015


Une veste en galuchat
et la paranoïa
propre au premier du mois
s'écaille pour un temps.