mardi 30 juin 2015


Ces temps-ci

Briser la glace en parlant canicule ? 
Non merci.
Je préfère jeter un froid. 

dimanche 28 juin 2015


Le cul entre deux chaises

Un fauteuil en gosier
avale son Emmanuelle 
mais non c'est du rotin
éructe un érudit des brins

Un fauteuil en crottin
à cheval Emmanuelle
mais non c'est de l'osier
nous voilà bien 

vendredi 26 juin 2015


Objet non identifié

J'avance un peu
on me dit chaud
un deuxième pas
content de moi
on me dit froid
je gèle me brûle
et chercherai en vain
le four à pain de glace à l'eau

dimanche 21 juin 2015


Tomber des nues

Non mais quelle idée aussi de laver sa lingerie sale en public.
Visibles, mes hauts et mes bas.
Ma fatigue dans un élastique las. 
Mes rêves la peau pincée.
Le bonnet sur le coeur.
La corde à mon arc.
Baleines échouées.
Soutien désarmé.
Ce à quoi je m'attache, qui pour m'en détacher.

mercredi 17 juin 2015


Une scène

Un couple marche sur le boulevard, mais la femme opère chaque fois une sorte de décrochage, un pas de côté, comme si l'autre se mettait sciemment sur son chemin et qu'elle voulait à tout prix s'en débarrasser. Exaspération. Quelque chose ne va pas entre eux. Ils portent des sacs, un morceau de leur vie, l'errance, et lui tient en plus une cage en plastique à la porte grillagée, de celles qui contiennent supposément un animal de compagnie. Son pas à elle n'est pas très assuré, elle flotte plutôt, jambes maigres dans un jean étroit, pendant qu'il est à ses trousses, mais pas vraiment, il avance quoi, il fait ce qu'il peut avec son barda, elle s'agace, il la fixe, en orbite. C'est le moment de traverser, et à l'arrêt, c'est de pire en pire, il est trop proche dans l'immobilité, comme aimanté, elle se recule, se décale, il veut lui parler, elle ne veut pas, allume une cigarette pour se créer un espace à elle, dentition, bras, briquet, feu vert, et elle s'élance comme pour en finir avec lui, rage, dépit, mouvement, il balance la cage à bout de bras qui atterrit contre la portière d'un monospace qui circule, c'est son droit. Bruit du choc des deux caisses, celle du chat contre celle de l'homme, les gravillons d'une litière se répandent depuis l'ouverture et arrosent le bitume, les autres piétons sont saisis, le projectile aurait pu les atteindre, à qui était-il destiné, à cette femme soudain bolide qui a déjà rejoint l'autre côté du trottoir, bientôt évaporée pendant que le type ramasse la cage et crie "Je l'aime mais elle comprend pas" alors que les gens veulent surtout savoir s'il y a un animal là-dedans, mais rien, on n'entend pas un son provenant du bloc mystérieux. La voix de l'homme, elle, continue de retentir, propos décousus, les mots hôtel, plainte, les verbes dépouiller, tuer et puis le conducteur sort, et là c'est une autre histoire, une autre haine qui pourrait surgir, il contourne sa voiture, regarde la zone d'impact, étonnamment placide pourtant, ou alors il bouillonne, mais c'est comme si l'image de la petite maison de l'animal comme objet percutant était une chose trop saugrenue et seulement capable d'anesthésier sa colère, et puis pas d'enfoncement à signaler, il remonte à bord, alors que l'amoureux transi et furax est déjà parti à la recherche de son tourment.
Pendant ce temps-là, des élèves planchent sur un des sujets de l'épreuve de philo en série économique et sociale : "La conscience de l'individu n'est-elle que le reflet de la société à laquelle il appartient ?".

lundi 15 juin 2015


Tout comprendre de travers de porc
(et)
trop tirer sur la corde vocale
jouer avec le feu au lac
boire la coupe jusqu'à la libido
crier au loup y es-tu
être aux abois sans soif 
sauver sa peau de chagrin
souffrir le martyre au flanc
avoir une idée derrière la tête de lit


jeudi 11 juin 2015


Ode à l'œillet 

chat noir
et tout ligaturé
odeur de poudre 
air déchiqueté
attaches fortes
pourtant
je t'offre mon vase
prends en soin

mardi 9 juin 2015


Le risque de se mettre la tête à l'envers, 
c'est de la retrouver au mauvais endroit. 

vendredi 5 juin 2015


À froid

Les mots sont invités à ne pas tous se présenter au portillon labial, à rester dans la glacière au-delà d'un certain degré Celsius. En cas de forte chaleur, les phrases seront réduites à la Trinité sujet-verbe-complément. Ceci pour ne pas empâter la bouche, déjà en surchauffe quand la déshydratation guette. Merci.