vendredi 1 février 2013


Opération Salage
Hier soir à minuit, j'ai jeté une pincée de sel par-dessus mon épaule. Je répondais à ma façon aux saleuses, qui avaient déversé sur des nappes de goudron leur chargement il y a plusieurs jours de cela. Acceptant par mon geste, une part de superstition, de conjuration. Car je ne peux simplement pas croire en un mois qui finit comme le précédent, par un 31. Une double mise, une drôle de martingale, une erreur calendaire très certainement. L'espace d'un instant, dans mon appartement, le souvenir de janvier ressemblait à cette fine pellicule de particules blanches imitant la neige mais contenant par la nature saline de mon épandage le principe même de sa perte, son antidote. Janvier, c'était ça : un mois qui s'annule lui-même. Il avait probablement fait de son mieux, le pauvre, acculé par les bonnes intentions. Mais il me fallait du sel pour ne pas glisser sur cette surface où miroitaient des vœux à l'articulation aussi complexe qu'un flocon. 

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