mercredi 6 novembre 2013


On peut écrire en mangeant, en appréciant le paysage depuis la fenêtre d'un train, en écoutant de la musique, en regardant au loin un autre écran que celui où les lettres apparaissent et s'agglutinent, formant des mots qui ressembleront à la fin à des petits moucherons stupides qu'on chassera de la main. Mais il faudrait peut-être imaginer une écriture plus entravée. Loin du bureau, du chat, de la prometteuse lumière du matin. Pour constater ce que cela produit. J'y pense. La main droite attachée ou levée. L'assise sur un support mou, mais mou d'une façon difficile à imaginer. La bouche occupée par un élément qui ne pourrait l'accueillir complètement : un filet mignon cru, la moitié d'un fromage à page molle, une peau de chamois, une peluche d'enfant. Ou bien demander l'intervention d'un tiers. Quelqu'un de bien, de confiance, d'irréprochable même, à qui l'on aurait ordonné de nous souffler dans l'oreille toutes les dix secondes. L'effort exigé ailleurs, convoqué autrement, la concentration sur des enjeux externes, bien loin de la page, de la phrase, de la formation du sens. Je demande à voir. 

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