samedi 16 février 2013


Le pape et la météorite. 

La probabilité pour qu'un pape renonce à l'exercice de son pontificat et qu'une météorite de cette ampleur provoque une onde de choc faisant autant de blessés, et cela durant la même semaine, est si proche de zéro, que la tentation est grande de saluer la vision de l'artiste Maurizio Cattelan qui imagina en 1999 la collusion/collision de ces deux événements. Un pape à terre par le fait d'une météorite. Nous y sommes presque. La supercherie serait simplement de réaliser cette pièce maintenant.

mercredi 13 février 2013


Et après, on n'en parlera plus jamais, promis. 

Il restait bien :
La chasteté ou la polygamie. 
La tasse de thé ou la polytoxicomanie.

Et le cœur balançait.

lundi 11 février 2013


Et après, on n'en parlera plus jamais. 

Le célibat était une structure masturbatoire, qui comptait dans ses rangs des spécimens bien différents : les inconsolables du couvert unique et les autres, libertins, vieilles filles, anachorètes connectés. On pouvait toujours être multiple dans l’esseulement, s'interrompre soi-même en ayant de surcroît l'esprit de contradiction, faire la vaisselle ET passer l'aspirateur ET descendre la poubelle, s'installer à la montagne pour la qualité de l'écho, faire tinter sa coupe de champagne contre la pointe d'une étoile, avoir un ennemi imaginaire, et finalement vivre pleinement. Mais malgré cela, le célibat ressemblerait toujours à un moustique qui ne dérangerait en rien l'ourlet d'une oreille à peine assoupie, déjà un peu chaude, déjà un peu désirable. Repu mais ignoré. 
  

samedi 9 février 2013


Et après, on n'en parlera plus.

Le couple était une structure molle et non nobélisable, les génies avançaient seuls, et une réservation pour deux personnes ne s'effectuait jamais dans une bibliothèque mais seulement au restaurant. Elle aurait voulu mener une grande étude sur la nature des cadeaux échangés lors de la Saint-Valentin et l'intitulé pompeusement Origines de la déconfiture de la pensée. Les amoureux s'offraient-ils plutôt des ouvrages de neurochirurgie, de géopolitique ou une semaine sous le soleil égyptien ? C'était ainsi. Elle n'avait pas échappé à cette longue glissade neuronale sur le toboggan à double rampe qu'était la vie à deux. 

mercredi 6 février 2013

© Jaimie Warren / Self-portrait as Chatterbox from Hellraiser 
in Portrait of Barbara Dürer by Albrecht Dürer/Lady Chatterer by munkyPROWL

Elle s'appelle Jaimie Warren, travaille et rit à Kansas City, Missouri. Elle pratique la performance, la photographie, anime un show intitulé Whoop Dee Doo ; projet artistique, collaboratif, participatif, inclassable, filmé comme une émission télé et qui enchaîne des numéros pour les enfants, les drag-queens, les parents, les fétichistes du sucre, les junkies, les amateurs de pancakes, les architectes en dépôt de bilan, les mères porteuses (liste non exhaustive, à modifier selon ses goûts). Ouvert et généreux et bruyant et bordélique. Aujourd'hui se termine son exposition à la galerie The Hole, New York, "The Whoas of Female Tragedy II". Elle a une manière jubilatoire et bien à elle de se mettre en scène dans des séries revisitant par exemple l'histoire de l'art. Ci-dessus, elle pose à la manière de Barbara Dürer peinte par son fils Albrecht, mais qui aurait muté avec Chatterbox, créature femelle cénobite des films d'horreur Hellraiser. Elle entre aussi et volontiers dans la peau de célébrités après révélation alimentaire (rien que les titres donnent l'eau à la bouche : Lasagna del Rey ou Madonut, pour ne citer qu'elles). Une débauche de calories visuelles, beaucoup de synthétique dans les costumes, une fontaine de chocolat jamais loin et de l'humour à revendre sur ebay (pas terrible comme formule, ok, je retire). 
Et pendant ce temps, l'Assemblée nationale n'a toujours pas bouclé son projet de loin sur le mariage pour tous.


lundi 4 février 2013


Croisé ce matin un homme d'un certain âge une scie à métaux à la main. Il ne la porte pas à bout de bras, les dents découpant nonchalamment l'air dans le mouvement de la marche, mais devant lui, les mains à hauteur de poitrine, calées contre le corps et tenant l'outil dans sa largeur, toute lame dehors. Comme s'il s'agissait d'un volant ou d'un carton de pizza à maintenir à l'équilibre. 
Où le mène cette scie ? Dans la boulangerie la plus proche pour couper lui-même la baguette de la commerçante, excédé de se voir fourguer décennie après décennie la demie la moins généreuse ? Devant le premier arbuste d'un square de quartier pour éradiquer chaque bourgeon naissant parce qu'il hait le printemps ? Dans un coin à l'écart pour se débarrasser de la chaîne imaginaire qui le relie à sa condition d'homme ? 

vendredi 1 février 2013


Opération Salage
Hier soir à minuit, j'ai jeté une pincée de sel par-dessus mon épaule. Je répondais à ma façon aux saleuses, qui avaient déversé sur des nappes de goudron leur chargement il y a plusieurs jours de cela. Acceptant par mon geste, une part de superstition, de conjuration. Car je ne peux simplement pas croire en un mois qui finit comme le précédent, par un 31. Une double mise, une drôle de martingale, une erreur calendaire très certainement. L'espace d'un instant, dans mon appartement, le souvenir de janvier ressemblait à cette fine pellicule de particules blanches imitant la neige mais contenant par la nature saline de mon épandage le principe même de sa perte, son antidote. Janvier, c'était ça : un mois qui s'annule lui-même. Il avait probablement fait de son mieux, le pauvre, acculé par les bonnes intentions. Mais il me fallait du sel pour ne pas glisser sur cette surface où miroitaient des vœux à l'articulation aussi complexe qu'un flocon.