mercredi 18 février 2015


À quoi sert l'insomnie ?
À identifier les points d'appui de son corps et les zones de faiblesse de son esprit quand rien ne les sollicite encore, qui cherchent à fixer l'attention du matelas, à revenir au somme, à hypnotiser le lit, au lieu de quoi déboulent des pensées à l'état allongé, jusque-là patientes dans leurs starting-blocks, elles s'élancent en un flux différent, sans hiérarchie, on les sent, elles se cognent aux parois de la peau, leur nature difficile à apprivoiser, agglomérat de listes incongrues, d'avis définitifs à durée limitée, de peurs lointainement soudaines, elles font macérer la nuit, ce drôle de jus, tiens, boire un verre, se lever, un verre de lait, il n'y en a plus, un verre d'alcool alors pour étourdir l'ennui ou l'ennemi, mais pas envie, pisser peut-être, évacuer avec la miction nocturne ces pensées lévriers, mais le jet n'est pas assez puissant pour nettoyer tout au fond de la tête, revenir à la chaleur solitaire du drap, ouvrir l'écran et presque immédiatement fermer les yeux, se dire que ça y est, on y est, mais c'est mal connaître le leurre virtuel, réellement le sommeil n'est toujours pas là, et en s'enfonçant ainsi dans cet entre-deux se dire que le pieu porte bien son nom. Ça sert au moins à ça. 

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