Et tout d’un coup, la peur : j’apprends sur
Eurêka Santé que mettre une goutte de collyre dans un œil présente un taux
d’échec autour de 30% selon une étude récente réalisée sur deux groupes de
patients âgés. Qu’ils soient gauchers ou droitiers (même si cette variable n’a
pas l’air pris en compte), atteints de dégénérescence maculaire ou d’un
glaucome, ils se loupent pour un tiers d’entre eux, visant à côté de l’œil,
sans avoir même conscience de rater l’instillation.
Je vois l’urne, je vois le bulletin, je crois
bien faire et pourtant la maladie gagne du terrain. Je vois un geste, dont on
ne mesure pas assez la part d’ombre. Et pourtant, j’ai vu la poutre dans l’œil
du voisin.
J’essaie de me changer les idées. Mais j’apprends
que des parents dont les enfants ont chopé des poux, insatisfaits par les
produits disponibles sur le marché, ont eu recours à un traitement
antiparasitaire, insecticide ou acaricide destiné aux animaux de compagnie. La
tête de leur chérubin à la même enseigne que du poil de chien. Cas isolés ?
Désespoir familial qui favorisa une automédication malheureuse ? Un acte
plus répandu visiblement, car l’Agence nationale de sécurité sanitaire a cru
bon de diffuser une note de rappel.
L’homme me cause décidément du souci.
Alors, je rassemble toutes mes forces de
compassion et d’apitoiement et je pense à celui qui souffre d’impatiences. Non,
il ne s’agit pas de l’homme pressé qui n’en peut plus d’attendre le premier
tour, le second ou l’arrivée des vacances, mais de celui qui, une fois dans son
lit, dernier bastion imprenable, connaît le syndrome des jambes sans repos.
Elles sont prises de soubresauts incontrôlables, de fourmillements, de
picotements, voire de décharges électriques. Provoquent troubles de la mémoire
et de la concentration, comme un exténuement sans limite. La peur à nouveau,
m’étreint : causeraient-elles aussi un manque de discernement à propos de la
chose politique ?
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