jeudi 22 novembre 2012


Il m'aura donc fallu attendre cette centième élucubration prétexte à fiesta, finissant par engloutir seule au petit matin, accoudée en Balmain, trop de boissons iridescentes et de breuvages irisés, pour comprendre une seule et unique chose : ce que veut vraiment dire avoir la gueule de bois. Rien à voir avec le fait de se réveiller la bouche sèche comme une bûche — qui, soit dit en passant, est toujours trop humide au moment d'allumer un feu, stoppant là la flamme métaphorique — ou pâteuse comme une pâte à bois — mais ceci est une version non homologuée, alors passons aussi —. Non. Comme on peut lire une coupe de bois à cœur ouvert, qui nous dira son âge, son nom, ses vérités, ses maladies, le visage du buveur possède lui aussi l'éclat de l'aveu. Il éructe des copeaux de réalité ; de lui s'échappe une sciure qui s'insinue partout, fait éternuer ses proches, frotter les yeux de ceux qui l'entourent et qui pourtant croyaient le connaître. Et puis, il ne cesse de débiter, c'est plus fort que lui, des morceaux dont tous se demandent quoi faire : une cagette, peut-être, pour l'aider à porter son propre fardeau. Une caisse, pour ses futures bouteilles. Une cale, enfin, qu'on oubliera dans un coin.
La gueule qui a bu et le bois abattu partagent la même dégaine d'empreinte digitale. Le même air de celui qui ne peut nier, que tout confond avec lui-même. Comme l'arbre qui cache la forêt, le dernier verre n'est jamais que le pénultième. Et le buveur, coupable ès coupes, remet à chaque gorgée sa tête sur le billot. Dégrisé un jour, promis au bûcher le lendemain. 

1 commentaire:

  1. http://www.hallesaintpierre.org/2012/11/notes-pour-lulu-per-un-film-da-fare/

    Aucun rapport bien sûr

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