Un homme s'attable à ma gauche, il est seul et visiblement c'est un habitué, car le serveur anticipe sa commande par une interrogation de routine : "Un café ?".
L'homme possède deux téléphones qu'il met l'un sur l'autre. Une habitude fréquente, me semble-t-il, chez ceux qui en ont deux.
L'un rejoint bientôt son oreille, et je l'entends déclarer : "Ces discussions de frigidaire ne m'intéressent pas, pour la énième fois."
Il ne restera pas longtemps, visiblement agacé, laissant un espresso à peine avalé.
À ma droite, deux femmes, présentes avant mon arrivée et qui seront là après mon départ, ont peu à peu un échange qui prend la forme d'une confidence. L'une évoque sa quête de l'amour, puis son anorexie adolescente, ses troubles alimentaires liés à d'autres traumatismes, son diagnostic précoce d'anosmie, sa vie et sa relation à la nourriture avec un odorat défaillant, à celle qui l'accompagne et semble tout apprendre de ce parcours personnel.
Alors commence ma métamorphose en bac à légumes.
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