mercredi 7 août 2013

La visiter

On ne peut pas parler de Venise. Très vite, les clichés débordent, c'est l'acqua alta.
Je préconise alors le silence, et conseillerais simplement, si jamais, un jour, mon avis avait la prétention d'intéresser quelqu'un, d'emporter, au lieu d'un guide, les deux ouvrages suivants : 
- Remets ton slip, gondolier, San Antonio (Fleuve noir, 1976, 256 p.). 
- Description de San Marco, Michel Butor (Gallimard, 1963, 116 p.).

Une manière d'anticiper cette expérience peu commune que je nommerais "Le grand écart vénitien", si jamais, un jour, le toupet me prenait de créer clés en main des expressions dont personne n'a besoin. Cet écart existe, aussi sûrement qu'il relie deux choses entre elles, à jamais, pour toujours. Cet écart est un pont invisible qui fait se rejoindre le vulgum pecus et la hauteur de vue au cœur de la cité. Impossible de dissocier tout ça, il faut tout prendre, on ne négocie pas. La glace qui coule le long des doigts, maculant au passage l'appareil photo en bandoulière, finit sa course sur le chemin qu'il faut suivre pour parvenir à l'esprit, au marbre, au pigment et au raffinement. C'est ainsi. Ne luttez pas. Cette ville concerne tout le monde, en élevant chacun et c'est peut-être aussi la définition de l'amour, qui lui va si bien. 

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