dimanche 18 août 2013


Qui est donc le surveillant de baignade ? Cet homme qui ose dominer le niveau zéro de la mer ? Ce nageur assis ? Ce contemplatif musculeux ? Ce rouge sur fond bleu ? Il siffle un air strident quand l'eau entre dans les poumons de l'un. Son corps fonce droit quand les membres de l'autre gesticulent en tous sens. 
Il maîtrise si bien l'art des contraires que son renfort serait le bienvenu dans le grand bain de la ville, quand la plage se vide et que les cœurs pâlissent à nouveau. Mais voilà. Il n'est plus là. Il s'est retiré comme la mer. A disparu. Où donc ? Personne ne peut le dire. Personne ne sollicite son retour cependant. Quel gâchis que de se priver de ses talents ! Quelle grave erreur d'appréciation ! Je le sais. Car le sable a parlé. La roche a murmuré des sons clairs. Lui ne le dira pas, mais il possède un don : celui de voir à chaque coin de rue, au détour d'une avenue, les noyés pulluler, et lui seul connaît le nom de ce choc thermique que chaque être humain éprouve au contact de l'environnement urbain. Il entend leur appel au secours, il sait qu'un sac à main n'a pas la flottaison d'une bouée, mais il ne peut rien. Cette connaissance est trop mordante. Elle envahit tout. Il ne peut pas s'en faire une alliée. 
Je cherche, depuis cette révélation, l'homme de la situation dans les piscines de quartier. Celui qu'on appelle le maître-nageur. Mais son œil est chloré. Son savoir, impuissant. Je cherche encore. Inlassablement. 

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