lundi 4 juin 2012


Les voilà. Les petits panneaux gris d’affichage électoral qu’on voit à nouveau fleurir sur les trottoirs attestent qu’est revenu le temps des élections. Le prix de ce mobilier urbain d’utilité publique varie, espérons que les convictions qu’ils présentent ne fluctuent pas. Selon les modèles, ils vont de 80€ à 120€ ; ces sommes sont toutes taxes comprises, celles de la société civile.
Panneau petit budget, simple et épuré, en acier galvanisé, respectueux des règles d'affichage du code électoral ; panneau robuste et esthétique et surtout recto verso ; panneau à assembler en triangle autour d’un arbre ou en ligne si le totem végétal vient à manquer ; panneau double et gain de place grâce aux deux plaques de numérotation situées sur la même face ; panneau à pied amovible ou bien livré avec une boîte de scellement, ou encore fixé dans des plots en béton. Que de choix, et c’est comme si la démocratie s’invitait aussi dans le catalogue des produits destinés au vote citoyen. Appelons ça l’opposition commerciale.
Puis pénétrer dans l’isoloir de vote Diderot, stable et facile à monter, avec la case initiale, clé de voute à 280€, et case suivante à 200€, autant que vous voulez. Le plus politiquement correct étant celui prévu pour les personnes à mobilité réduite et leur fauteuil roulant, qui approche quand même les 400€. Bonne nouvelle : on peut négocier. Des prix dégressifs sont envisagés dans tous les cas si plusieurs bureaux se fédèrent pour acheter trois ou cinq exemplaires. Il existe aussi des isoloirs en carton beaucoup moins chers (environ 90€), brevetés et conformes aux normes françaises. Un doute demeure : leur matériau cheap influencerait-il le vote ? Est-ce qu’on se décide différemment dans un isoloir de métal ou dans une structure en papier ? On ne le saura pas, car pour le moment, on les réserve surtout aux élections en entreprise. C’est heureux.
Bon à savoir : il est possible de changer le rideau et la tringle de l'isoloir, s'ils ont subi les assauts répétés des votants. Une version en satin à près de 40€ nous inquiète ; nous précisons que les "assauts répétés" n'ont aucun caractère sexuel. 
Étape suivante, glisser sa voix dans l’urne Montesquieu, 245€, légère, incassable, empilable et intégralement transparente (comme des chaises de café design), et qui existe en trois tailles différentes. L’urne Voltaire, maniable, stable et sécurisée, disponible en deux tailles, est un peu plus chère : environ 300€, mais qui chipoterait avec la sécurité.
Et enfin, signer le registre (si vous êtes bien loti, un plateau pivotant facilitera la manipulation, pour la modique somme de 60€) en s’appliquant à caser les boucles, les pleins et les déliés de votre écriture manuscrite dans l’espace évidé prévu par la réglette, à 8€.

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