Ce sont des « nœuds qui parlent ». Des cordelettes
nouées et traditionnellement réalisées en poil d’alpaga ou de lama, utilisées
par les Incas qui, dépourvus de système d’écriture, avaient trouvé là un
instrument de gestion économique et sociale, une évaluation précise des biens de
la communauté. Ce quipu, car tel est
son nom, était aussi moyen de communication : un messager le portait de
village en village en mémorisant les informations qui y étaient conservées,
pour les restituer à leurs destinataires.
Mêler des brins entre eux pour dire la chose nécessaire. Dans
ce qu’on nommerait peut-être aujourd’hui un accessoire, tenant
presque du bracelet grigri, pourquoi ne pas essayer de rassembler les
fondamentaux d’une vie ? Dans ces franges ouvragées, et par logiques de
couleurs, de paliers, tricoter son histoire. Un rang par année, des teintes
attribuées aux événements, des épaisseurs intermédiaires pour l’affliction, des
jeux de superposition pour les croisements de vie, des longueurs différentes
pour respecter les silences. Une mémoire faite de fils avant qu'ils ne disparaissent, avant le passage au souvenir wifi. Pourquoi pas.
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