Une main de femme vient rencontrer une joue d’homme. Une
gifle est donnée à plusieurs reprises, le temps d’une chanson, et il semble
qu’elle ponctue la phrase musicale. Une claque au bruit précis, à la rigueur de
métronome, qui intervient en rythme, avec ampleur, intensité, application. Une
branlée qui prend son temps. Pas le genre de petite tape subreptice, de raclée sans
style, qui déraperait sur un coin de bouche. Plutôt un service parfait. Le
visage qui reçoit la beigne appartient à un corps assis et de dos. On ne voit
que le mouvement de la tête qui accueille, accompagne la torgnole et revient
dans son axe, comme si la joue était entièrement dévouée à cette unique et secrète
mission : recevoir la mandale. Face à la baffe, aucun mouvement de repli, de protection ou
de riposte du destinataire, aucun autre déplacement d’air que cette jouée (on
dit bien fessée). Dans ce ballet d’une main à une pommette, une communion,
un rituel, comme si plus rien d’autre ne comptait désormais, comme si cette
main n’avait jamais eu pour autre objectif que de réaliser ce geste. La pulpe des doigts doit brûler aussi, le visage s’empourprer. Il faut le faire. Aller au bout du
morceau, c’est tout. Après quoi, on changera la face du disque.
C’était une vision, au Théâtre de la Cité Internationale, un
moment suspendu de Melody Nelson par
Fanny de Chaillé et Grégoire Monsaingeon.
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