dimanche 24 juin 2012


Une main de femme vient rencontrer une joue d’homme. Une gifle est donnée à plusieurs reprises, le temps d’une chanson, et il semble qu’elle ponctue la phrase musicale. Une claque au bruit précis, à la rigueur de métronome, qui intervient en rythme, avec ampleur, intensité, application. Une branlée qui prend son temps. Pas le genre de petite tape subreptice, de raclée sans style, qui déraperait sur un coin de bouche. Plutôt un service parfait. Le visage qui reçoit la beigne appartient à un corps assis et de dos. On ne voit que le mouvement de la tête qui accueille, accompagne la torgnole et revient dans son axe, comme si la joue était entièrement dévouée à cette unique et secrète mission : recevoir la mandale. Face à la baffe, aucun mouvement de repli, de protection ou de riposte du destinataire, aucun autre déplacement d’air que cette jouée (on dit bien fessée). Dans ce ballet d’une main à une pommette, une communion, un rituel, comme si plus rien d’autre ne comptait désormais, comme si cette main n’avait jamais eu pour autre objectif que de réaliser ce geste. La pulpe des doigts doit brûler aussi, le visage s’empourprer. Il faut le faire. Aller au bout du morceau, c’est tout. Après quoi, on changera la face du disque.

C’était une vision, au Théâtre de la Cité Internationale, un moment suspendu de Melody Nelson par Fanny de Chaillé et Grégoire Monsaingeon.

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