Un drôle de truc. Au bord de la torpeur, la rétine en feu, alterner entre
la vision en temps réel de la file d’attente pour pénétrer dans la Bibliothèque
d’Information Publique de Beaubourg, et celle du studio de l’artiste Damien
Hirst, où hier, un assistant portant un masque contre de toxiques inhalations
usinait à la postérité. Aujourd’hui, il est tête mi-nue, coiffée d’un casque
audio et a changé de pull. Il est toujours aussi seul et courbé à la tâche.
La webcam de la BIP consiste en un arrêt sur image réactualisée toutes les
dix minutes, et n’a pour seul objectif, est-il indiqué, que de donner un aperçu
de l’entrée plus ou moins fluide. Elle ne saurait être associée à un dispositif
de vidéosurveillance. Les visages sont floutés, les données ne sont pas
conservées. C’est le Bison futé du savoir.
Celle de Damien Hirst a un but moins
immédiatement identifiable. Montrer l’œuvre en train de se faire, façon backstage ? Désacraliser encore un peu
plus le geste créatif et jouer la transparence avec cet acte fondateur
d’une nouvelle communication hirstienne (car le site est flambant neuf), qui
tente le tout pour le tout en affichant que oui, eh bien, non, il n’est ni à
l’ouvrage ni à l’image, et tant pis pour ceux qui croient encore que l’art
appartient au faiseur reclus dans son atelier ! D’autres questions se
bousculent au fur et à mesure de l’absence d’événement. Les assistants ont-ils
signé une décharge les soulageant de leur droit à l’image ? Pourquoi n’y a-t-il pas de son direct (alors qu’on entend
hors champ de la musique, des voix, le bruit d’actions de ponçage, de
vissage, etc). Ont-ils une liste d’interdits comportementaux ? Sont-ils payés
pour être filmés ? Mais peut-être s’agit-il de figurants ? Dans ce
cas, est-ce vraiment son studio ou une reconstitution quelque part, en Europe
de l’Est ?
Et pendant ce temps, la webcam du bassin des phoques du musée de la mer de
Biarritz est inactive à l’heure rituelle du repas des animaux marins. Et ça, c’est
une vraie déception.
N.B. Voilà deux fois qu'est mentionné damien hirst dans ces pages. Promis, c'est fortuit.
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