Je n’ai pas vu Intouchables,
mais tout s’éclaire.
Parce qu’on célèbre, non pas un centenaire, pas plus qu’un bicentenaire,
mais le cent soixante-sixième anniversaire de Pierre-Karl Fabergé, créateur de l’œuf
éponyme. Le moteur de recherche Google le met en scène dans un doodle *, le
figaro.fr en profite pour rappeler les heures de la Russie des tsars. Avec
cette célébration, je peux dire combien cet objet m’intrigue. Pièce de joaillerie ovoïde, sa version inaugurale de
1885 était d’une belle simplicité : outre la forme, il avait le côté
taiseux d’un véritable œuf, indécelable sans briser la coquille. En émail blanc
immaculé, il dévoilait un intérieur capitonné d’or, une sphère en or également,
et renfermait une petite poule en or, qui s’ouvrait sur une couronne impériale
miniature en diamants, à laquelle était suspendu un œuf en rubis (ces deux
derniers éléments ont disparu). Par la suite, chaque œuf va devenir toujours un
peu plus ouvragé et coloré, s’éloignant de la pureté originelle. Ces œufs qu’on
s’offre entre gens caratisés, comme la reconduction d’une lignée, le privilège
de la descendance, de la famille, d’une histoire partagée, deviennent à force de
consanguinité d’étranges partenaires. Ces œufs qu’on s’échange peut-être lors
d’intronisations-intromissions dont on ne saura rien. Ces œufs qui coûtent parfois
des millions de dollars. Bibelot matrice, il me divise, comme le jaune et le
blanc.
Et voilà que j’apprends qu’Intouchables à les siens. Des œufs de Fabergé
qui trônent dans l’appartement milliardaire et dont un exemplaire fera l’objet
d’un vol. Je décide que ce sont eux les Intouchables, je décide que le titre leur est dédié. Parler d’un film sans
l’avoir vu et identifier à son sujet des vérités relatives, l’idée me plaît.
* dessin, gribouillage (et comme avec un œuf parfois, je fais jaune double,
car j’apprends que doodle et google sont des paronymes, et qu’une paronomase
est une figure qui consiste à les rapprocher : "le doodle de google »)
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