lundi 6 août 2012


Je ne me souviens pas avoir vu, enfant, dans les rayons Jeux de société ce plateau et ce petit instrument triangulaire évidé appelé "pointeur", ici posé sur le G. Je n'y ai jamais joué, n'en connaissais même pas le nom jusqu'à ce 6 août : "Ouija". Outre-atlantique, il s'apparente à un divertissement spirite allégé. Une grande marque américaine de jouets le propose même en version phosphorescente, pour appeler les esprits dans la pénombre fun, et se faire plus drôlement peur encore. Est-il trop occulte pour les enfants de la vieille Europe ? Question subsidiaire qui pourrait, peut-être, figurer sur l'une des cartes pourvoyeuses d'interrogations contenues dans le boîtier. 
Ne jamais avoir éprouvé cet alphabet me semble aujourd'hui la chose la plus étrange qui soit. Des lettres, des chiffres, trois mots-clés, ou le monde posé sur un plateau. 
Épellation folle, accouchement syllabique, telle est la dictée possédée du Ouija. Écriture automatique, apparition de phrases sans queue ni tête, mots inconnus, banalités souveraines, insultes, menaces, secrets, mensonges, bêtises, déclarations. Le participant voyeur observe, par le trou de la serrure du pointeur, le monde prendre forme par le mot. 
Je veux garder intactes cette découverte, cette émotion, et ne pas trop regarder l'objet, qui, déjà, ressemble à une carte bancaire gold si je plisse un peu les yeux. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire